Reconnaissance du bilinguisme : quels enjeux pour la société ?

Transcription de l’entretien avec Marie Rose Moro, pédopsychiatre à la maison de Solenn – Paris

Les enjeux pour la société de la reconnaissance du bilinguisme sont des enjeux à la fois pragmatiques et politiques.

Pragmatiques parce que plus on accepte les différences, entre les enfants, entre les langues, entre les manières d’être, entre les compétences, les couleurs de peaux etc., plus le groupe est fort et le lien social est solide. Donc c’est déjà un enjeu très pragmatique.

Le deuxième enjeu est plus politique. C’est que si on reconnaît, si on accepte, les langues maternelles alors on permet aussi à tous ces enfants qui vont devenir des adultes, parce qu’on les reconnaît tels qu’ils sont, d’accéder plus facilement aux autres langues, aux autres mondes, aux autres rapports. C’est une manière de lutter contre cette frayeur, cette peur qu’on peut avoir de « on se replie les uns sur les autres ». On se replie les uns sur les autres lorsqu’on est en danger, lorsqu’on a peur les uns des autres, lorsqu’on a le sentiment de ne pas être reconnu et d’être moins que les autres. Mais si, au contraire, on est dans un système où chacun peut trouver sa place dans le groupe alors ça favorise l’apprentissage de la langue seconde, des valeurs du monde extérieur, de l’échange, de l’action commune.

Donc c’est un antidote au communautarisme.

C’est une manière de lutter contre toutes les discriminations et de faire un lien social qui soit suffisamment fort pour qu’on puisse échanger, se métisser, se transformer, se reconnaître mutuellement. C’est donc un enjeu politique extrêmement fort, mais c’est aussi pour ça que c’est très pratique parce que la peur est mauvaise conseillère, et notre peur du communautarisme parfois nous amène à avoir peur des langues maternelles alors que c’est exactement le contraire : la reconnaissance des langues maternelles c’est une manière de mieux investir le monde extérieur et les valeurs du monde extérieur. D’ailleurs plus je parle bien et plus j’aime ma langue maternelle, plus je parle bien le français.

Merci à marie Rose Moro

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