Baisse du QI, appauvrissement du langage et ruine de la pensée

  • Le QI moyen qui n’avait fait qu’augmenter jusque dans les années 1980 est-il en train de baisser ?
  • Quelles en sont les causes ?
  • L’appauvrissement du langage serait-il lié à ce phénomène ?
  • Y aurait-il un lien avec le développement de certains types de violence ?
  • La pensée va-t-elle disparaître ?

Voici un article paru sur le site de l’AGEFI dimanche 17 novembre 2019 sous la plume de Christophe Clavé, professeur de stratégie & management à l’INSEEC SBE. Votre avis m’intéresse ! Ecrivez-le dans les commentaires…

L’effet de Flynn du nom de son concepteur, a prévalu jusque dans les années 1960. Son principe est que le Quotient Intellectuel (QI) moyen ne cesse d’augmenter dans la population. Or depuis les années 1980, les chercheurs en sciences cognitives semblent partager le constat d’une inversion de l’effet Flynn, et d’une baisse du QI moyen.

Christophe Clavé

La thèse est encore discutée et de nombreuses études sont en cours depuis près de quarante ans sans parvenir à apaiser le débat. Il semble bien que le niveau d’intelligence mesuré par les tests de QI diminue dans les pays les plus développés, et qu’une multitude de facteurs puissent en être la cause.

A cette baisse même contestée du niveau moyen d’intelligence s’ajoute l’appauvrissement du langage. Les études sont nombreuses qui démontrent le rétrécissement du champ lexical et un appauvrissement de la langue. Il ne s’agit pas seulement de la diminution du vocabulaire utilisé, mais aussi des subtilités de la langue qui permettent d’élaborer et de formuler une pensée complexe.

La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps. La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression. Supprimer le mot « mademoiselle » est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.

Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.

Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.

Sans mots pour construire un raisonnement la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible. Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots. Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots. Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel ? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu ? Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants : faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses « défauts », abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.

Source : http://www.agefi.com/home/acteurs/detail/edition/online/article/baisse-du-qi-appauvrissement-du-langage-et-ruine-de-la-492129.html

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  • Maria T Novoa
    29 juin 2021 at 18 h 31 min

    C’est un excellent analyse!

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    • Pino Gregeo
      4 janvier 2022 at 4 h 12 min

      Tre bien et bien dit.

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  • Chris Carter
    17 septembre 2021 at 10 h 26 min

    This decline in IQ and impoverishment of language i.e. Fewer words and fewer conjugated verbs seems to correlate with the history of life expectancy as it hit the internet age thus making things go exponential. Before the 1800’s the average person didn’t live past 35 years. For 2,000 years! And the 30k years before that, life expectancy was only in your 20’s you lived to. If you never lived past 30 or 40 why would you care about health? Hence you wouldn’t even know “health” was a thing. And it wasn’t, until less than 100 years ago. If humans, for the most part, never lived past 30 for 30,000 years then how can you expect their Mind, to adapt to, in less than 200 years, to living double and triple that age length?

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  • djk
    2 février 2022 at 0 h 59 min

    Trump and his followers share a common life experience of being embarrassed by smart people, who make them feel dumb. It started in the very important formative years—-in school.

    Throughout life, they have felt that smart people are being « preachy ». In reality, when smart, rational people figure something out, they experience the exhilaration of accomplishment. Much like when a football player scores a touchdown or a hockey player scores a goal. Trump and his sort see this as derision.

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  • Laura
    17 mars 2022 at 22 h 49 min

    Tanta verdad en lo que dice y, sin embargo, tanta conclusión manipulada y mescolanza falsa. Me parecen un poco peligrosas las deducciones hechas con faltas lógicas. Específicamente levanta sospecha lo siguiente:

    « Quienes afirman la necesidad de simplificar la ortografía, descontar el idioma de sus ‘fallas’, abolir los géneros,… »

    La ortografía ha cambiando drásticamente durante los siglos. Y si bien es cierto que a mí, personalmente, me parece que es una pérdida histórica cuando borramos un linaje semántico, también es cierto que haber cambiado las efes por haches y las bes por uves, no embruteció a nadie en su momento.

    De igual forma, el idioma cambia, evoluciona, y si tampoco soy partidaria de la abolición de los géneros; si bien me parece un atropello por parte de una mentalidad anglosajona; también es cierto que existen muchísimos idiomas sin géneros y muchísimos idiomas con más géneros de los que tenemos en español, y no hay evidencia alguna de que haya una discrepancia en la calidad del pensamiento crítico o filosófico entre las gentes de dichas lenguas.

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  • Ken
    16 janvier 2023 at 17 h 38 min

    Laura’s comment is well spoken. With no reference to research or source, and no mention of social media, it’s hard to take this seriously. Just an opinion piece to wave one’s biases about.

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