Transcription de l’interview de Christine Deprez, linguiste, professeur d’Université à Paris Descartes.
C’est une question qui revient extrêmement souvent. C’est très fréquent !
C’est une situation extrêmement fréquente qui, bien sûr, questionne les parents et les inquiète, des fois, un petit peu.
Alors, on va essayer de voir comment les choses se passent, car c’est en fonction de l’âge de l’enfant qu’on va aborder cette question.
Lorsque l’enfant a 0 ou 3 ans, il vit dans sa famille avec ses parents qui lui parlent sa langue, un petit peu de français aussi, et c’est la langue de l’affectivité, des sentiments, du plaisir, etc. Les choses vont se compliquer à partir du moment où l’enfant va sortir de la famille pour s’intégrer à la société environnante. Alors c’est l’école, c’est les gens qui vont garder l’enfant, et il va se rendre compte petit à petit que la langue dominante de l’environnement c’est, bien entendu, le français. (Ici dans notre contexte)
Alors que va-t-il se passer ?
Eh bien, sensible à l’aspect dominant de la langue du milieu, il va petit à petit préférer parler le français en famille (ou bien la langue du pays) et d’une certaine façon « débrancher » l’autre langue. Parce que l’enfant sait très bien que ses parents parlent leur langue et aussi le français (ou la langue du pays). Il n’est pas dans une situation monolingue, comme à l’école ou comme lorsqu’il va avec ses parents, quand il est obligé de parler la langue des autres. Là, il a d’une certaine façon, le choix.
Alors il va en général choisir une solution, qui agace beaucoup les parents, qui est de comprendre la langue des parents et de répondre en français (ou dans la langue du pays). Ça c’est tout à fait normal. C’est un mode de communication comme un autre, qu’il faut privilégier, et surtout, c’est très important, il faut comprendre que : comprendre, justement, c’est une compétence formidable. J’aimerais bien comprendre l’arabe et le russe par exemple ! Donc c’est une compétence très importante.
Un autre élément que j’allais oublier : la présence des frères et sœurs. Plus il y a d’enfants dans la famille, plus le français (ou la langue du pays) aura tendance à prendre de la place et en général les enfants entre eux parlent français (ou la langue du pays).
Ça aussi c’est normal.
Merci à Christine Deprez, linguiste, professeur d’Université à Paris Descartes